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Employés anxieux recherchés!

Par Mélanie Grégoire, M.Sc., RVP, co-présidente et Geneviève Gosselin, conseillère d’orientation chez BrissonLegris

Notre attention est souvent dirigée vers les désavantages de l’anxiété car les personnes qui en souffrent ont tendance à s’inquiéter pour des peurs souvent non-fondées, à utiliser l’évitement pour contourner les épreuves, sans compter qu’elles doutent régulièrement de leur performance.

Il faut se rappeler que le stress humain est nécessaire à la survie. Il nous permet de déployer l’ensemble de nos capacités, que ce soit pour répondre aux situations d’urgence ou retrouver celles qui sont source de confort. Car il est important de le souligner : le stress procure la motivation et l’énergie nécessaire pour accomplir nos tâches quotidiennes, surmonter les difficultés et atteindre nos objectifs!

Transformer son anxiété en alliée

Partant de la prémisse que le stress a des fondements positifs, on pourrait supposer que les effets d’une anxiété relativement « bien gérée » peuvent comporter de grands avantages…surtout si les personnes qui en vivent arrivent à la transformer en une redoutable alliée!

À titre d’exemple, une personne anxieuse qui travaille au service à la clientèle s’assurera de bien répondre aux demandes, par peur de représailles. Elle fera le petit «km de plus » pour s’assurer de la pleine satisfaction du client, voire même lui faire vivre une expérience-client hors du commun! Et que dire du contrôle-qualité des services offerts par la personne qui en fait un peu plus parce qu’elle veut s’assurer d’avoir fait l’impossible pour réussir. Ces personnes ont souvent un sens accru du devoir, un grand souci de rigueur et du travail accompli. Elles sont d’ordinaire fortement engagées au sein de leur organisation.

Attention, cette énergie sera bien perçue par l’employeur dans la mesure où elle est canalisée, c’est-à-dire suffisamment dosée pour qu’elle ne devienne pas un fardeau pour ceux qui en subissent les effets secondaires. Le fait d’avoir à constamment rassurer l’employé sur sa performance au travail et son stress mal géré peut alourdir le climat et la charge administrative du travail.

Mettre en place des conditions favorables au succès

Pour bien gérer son anxiété au travail, il est judicieux d’établir des conditions propices à la réussite. Le sentiment de maîtrise des tâches à accomplir et de contrôle de son environnement de travail allègent le stress. Cela ne veut pas dire que la personne n’est pas en mesure de relever des défis, mais plutôt qu’elle aurait intérêt à se fixer des objectifs progressifs et à évoluer graduellement vers l’atteinte de petites étapes, fixées dans le temps.

Encore faut-il se connaître suffisamment pour identifier les conditions favorables à son succès. Si la personne vit une anxiété sociale, il serait bien qu’elle essaie d’éviter de se retrouver dans un emploi où elle doit constamment transiger avec une multitude de personnes ou de se retrouver au cœur d’une foule. Si la personne parvient difficilement à gérer son anxiété de performance, il serait souhaitable qu’elle ne soit pas publiquement comparée à ses pairs sur les ventes hebdomadaires réalisées!

Cependant, gérer son anxiété n’implique pas d’éviter constamment certaines situations et de demander à l’employeur de modifier ses tâches ou fonctions. Elle nécessite plutôt de travailler dans un milieu où ses forces seront valorisées et où il sera parfois possible de sortir de sa zone de confort afin de développer des outils et des compétences pour mieux gérer les situations anxiogènes.

Conseils pour canaliser son anxiété
  • Consulter des professionnels de la santé tel un médecin et/ou psychologue afin d’obtenir un diagnostic clair et un traitement adéquat. Les ergothérapeutes en santé mentale, conseillers d’orientation, travailleurs sociaux et autres professionnels peuvent également vous accompagner dans le développement d’outils et de stratégies pour vous aider à mieux fonctionner dans votre vie personnelle et professionnelle ;
  • Demeurer conscient et à l’affût des symptômes afin d’agir en vue de retrouver le calme (respirations, méditation, yoga, présence attentive sont de bonnes méthodes pour gérer son stress) ;
  • Adopter de saines habitudes de vie (alimentation, sommeil réparateur, activité physique) ;
  • Communiquer ses inconforts et faire des essais/erreurs afin de développer et peaufiner son expertise ;
  • Reconnaître et célébrer ce qui a été accompli, même s’il s’agit de très petits pas ;
  • Se fixer des petits buts en formulant des objectifs clairs, simples et réalisables ;
  • Communiquer avec la direction et les collègues dignes de confiance (tout en évitant la « sur-justification ») ;
  • Demander périodiquement une rétroaction à des fins d’amélioration continue ;
  • Éviter l’excès de stimulants qui peuvent exacerber les symptômes de l’anxiété (caféine, nicotine) ou encore de consommer de l’alcool et des substances illicites pour masquer le stress (au risque qu’elles vous enfoncent encore plus dans la détresse) ;
  • Organiser le travail en le planifiant et en le préparant adéquatement pour enlever la pression. En ce sens, les outils informatiques de gestion de temps, de projets ou d’agenda peuvent être très efficaces ;
  • Changer ce qui peut être amélioré et lâcher prise sur le reste ;
  • Utiliser l’énergie pour construire plutôt que pour « surévaluer » ou atteindre la perfection ;
  • Préserver un équilibre vie personnelle/professionnelle afin de profiter de la vie!

Finalement, si l’employé anxieux prend conscience que son stress peut être canalisé et devenir un allié dans son cheminement professionnel, il ne l’abordera plus de la même façon. Il sera plus ouvert à évoluer dans un milieu où il pourra transformer cette énergie en comportements et compétences recherchées par les employeurs, en plus de lui permettre de relever des défis et de se réaliser!