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Les distorsions cognitives courantes en orientation de carrière

Par Catherine St-Amand, Conseillère d’orientation.

Vous arrive-t-il de douter de vos choix après avoir intégré un nouvel emploi ou un nouveau programme, et cela… même après un processus d’orientation ?

Le professeur David Burns de l’université Stanford soutient que nos émotions proviennent essentiellement de nos pensées. Puisque nos choix de carrière sont bien souvent basés sur nos croyances ou notre « feeling », il devient intéressant  de se pencher sur l’impact  que peuvent avoir nos pensées déformées ou distordues sur nos choix.

Des exemples concrets

Voici 6 distorsions cognitives couramment observées en orientation. Selon Burns (2005), les distorsions cognitives sont courantes et inconscientes chez la plupart des gens qui vivent des insatisfactions… donc chez la plupart des gens ! Cependant, il est possible de restructurer ce type de pensées par soi-même en identifiant d’abord ces pensées puis en tentant de répondre à soi-même de façon objective… un peu comme si vous étiez votre propre thérapeute !

 

Surestimer la signification

Une surestimation de l’importance des événements («faire une montagne avec des riens»).

Pensée distordue : Je n’ai pas été retenu suite à la deuxième étape de sélection. Par conséquent, je ne suis pas fait pour ce travail.

Pensée restructurée : Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi je n’ai pas été retenu, dont l’expérience, la formation et le niveau de compatibilité (traits de personnalité) des autres candidats avec les fonctions du poste, la vision de l’entreprise et les membres de l’équipe de travail. Par conséquent, je dois m’informer des motifs de la décision avant de penser à changer de carrière

 

Généraliser de façon excessive

Croire que ce qui est arrivé lors d’une ou plusieurs situations va se répéter dans presque toutes les situations.

Pensée distordue : J’ai bafouillé dans toutes les présentations orales de mon cours de marketing. Je vais toujours bafouiller lorsqu’il me faudra parler en public. Le marketing n’est peut-être pas pour moi.

Pensée restructurée : Bafouiller est normal au début. Beaucoup de gens ne sont pas à l’aise à parler en public, mais cela se développe avec le temps. Il faut toutefois savoir si on aime être en groupe et donner de l’information. Si non, je dois m’informer si les présentations orales sont présentes sous la même proportion dans tous les emplois du domaine du marketing avant de conclure que cela n’est pas pour moi.

 

La pensée catégorique

Percevoir les événements selon un mode binaire, tout ou rien, noir ou blanc, ou bien encore «pensée polarisée».

Pensée distordue : Depuis toute petite, j’adore la pharmacie. Mon père est représentant pharmaceutique et petite, je l’accompagnais chez les pharmaciens. Toutefois, je  n’ai pas été admise au DEC en sciences de la nature, je ne pourrai donc jamais  faire carrière dans ce que j’aime.

Pensée restructurée : Je suis déçue de ne pas avoir été admis dans le programme que je souhaitais. Mais il est possible de faire carrière dans beaucoup d’autres domaines. Il est vrai que mon père a trouvé son métier assez tard, donc peut-être que j’élargirai mes intérêts au fil du temps.

 

La tyrannie du « il faut »

Tendance à motiver ses actions par des « il faut » et des « il ne faut pas », ce qui amène un sentiment de culpabilité. Le fait d’attribuer ces obligations aux autres éveille des sentiments de frustration, de colère et de ressentiment, causant bien des déceptions inutiles.

Pensée distordue : Je me suis forcé à faire un baccalauréat en génie, même si je n’avais pas d’intérêt. Je me disais que j’étais un « lâcheux » si je ne finissais pas. Je me mets de la pression pour faire un choix qui est prestigieux et je me sens rigide. Je me dis « qu’il faut » que je me réoriente dans un domaine aussi payant et sans délai, sinon j’aurai le sentiment d’être un perdant.

Pensée restructurée : Je tente d’accepter que la vie ne se passe pas comme je l’aurais souhaité. Je veux lâcher prise des obligations que je me mets constamment. Je me rends compte qu’il m’est difficile de suivre une voie qui ne me plait pas afin d’obtenir un certain statut social. Je vais tenter de chercher un compromis possible.

 

Le rejet du positif

Tendance persistante à rejeter les expériences positives en se disant qu’elles ne comptent pas.

Pensée distordue : Même si j’ai réussi un baccalauréat en psychologie, je ne sais toujours pas quoi faire dans la vie. J’ai étudié pour rien.

Pensée restructurée : Je n’ai pas étudié pour rien. Cette formation m’a permis d’acquérir des connaissances que je pourrai utiliser sur le marché du travail ou pour obtenir une formation complémentaire, qui correspond davantage à mes intérêts spécifiques.

 

Le raisonnement émotionnel

Tendance à présumer que les émotions négatives reflètent nécessairement la réalité des choses (« J’ai le feeling que… donc cela doit être vrai »).

Pensée distordue : J’ai enfin obtenu le poste de mes rêves, mais j’ai peine à suivre le rythme de travail. Je doute d’être à la hauteur de mon emploi idéal. Afin d’éviter de me faire un mauvais nom dans le milieu, je ferais mieux d’abandonner mon idéal et de chercher un emploi dans lequel je suis efficace.

Pensée restructurée : J’ai un doute sur mes compétences. Mon doute se base sur quelle situation et dans quel contexte ? Je me trouve en fait en situation d’apprentissage dans un contexte de travail compétitif. Est-ce que ces composantes sont représentatives de toutes les réalités de mon emploi idéal ? Est-ce que je ressentirais la même chose dans une situation ou un contexte différent ? Je remarque en effet que dans mes emplois antérieurs, j’ai pris de l’aisance avec l’expérience. Il serait peut-être mieux de réévaluer les choses après quelques mois, voire une année d’expérience.

 

Voici l’infographie au complet :